Nous relayons la réponse d’Yves-Marie Le Lay à Thierry Burlot, vice-président de la région Bretagne en soutien à Inés Léraud mise en cause par lui.
Monsieur,
Je me permets d’intervenir dans le différent qui vous oppose avec Inès Léraud sur ce que vous refusez d’appeler l’éviction du Conseil Scientifique de l’Environnement en Bretagne de son rôle de conseiller des décideurs publics des Plans Algues Vertes. Je le fais au titre de mon engagement militant associatif de longue date contre les marées vertes et à celui d’auteur d’un récent ouvrage : Algues vertes, un scandale d’Etat. Nitrates et gaz toxiques, 50 ans de déni aux éditions Libre et solidaire.
Ayant suivi l’affaire de près et l’ayant bien détaillée dans mon enquête sur les marées vertes, je ne peux que constater l’authenticité des propos de cette autrice de bande dessinée. Les faits sont incontestables, M. Le Drian, président de Région en 2016, a supprimé la subvention au CSEB et a écarté son rôle de conseiller scientifique des Plans Algues Vertes. A qui voulez-vous faire croire que cette mesure n’est pas une sanction exercée sur un établissement public par l’éxecutif régional dont vous faites partie ? Et il suffit de lire les conclusions du CSEB sur les Plans Algues Vertes pour comprendre cette sanction. Je n’en choisirai qu’une extraite de l’avis en date du 11 février 2011 : « En conséquence, le comité souligne que la résolution du problème des marées vertes requiert une révision en profondeur des systèmes de production et que cela doit conduire à une réelle réflexion sur les mutations à engager pour l’agriculture sur les bassins concernés ». Voilà qui était insupportable à entendre pour monsieur Le Drian et vous-même son vice-président. Avis tellement insupportable que vous vous êtes bien gardés de l’écouter. Vous avez manifestement préféré entendre celui de votre collègue et ami vice-président à la Région Olivier Allain, ancien président FNSEA de la Chambre d’agriculture. Résultat : le maïs continue, les porcheries et les poulaillers prospèrent, les excédents d’azote coulent à flots à peine moindres sur les bassins versants algues vertes et les marées vertes sont toujours là… On est loin de la révolution requise. Et le tout avec l’argent public ! La Cour des comptes que j’ai plus d’une fois alertée s’interroge enfin sur ce curieux usage des deniers publics.
J’en profite aussi pour vous répondre sur votre prétendue action à la mort de Thierry Morfoisse en 2009 et la narration que j’en fais dans mon livre. Comme avec Inès Léraud, vous adoptez la posture de l’offusqué pour vous en servir comme méthode d’argumentation. Je vous rappelle tout simplement que je n’ai jamais écrit que vous n’avez pas rendu publique en 2009 la mort de ce chauffeur en transportant des algues vertes pourries. J’écris tout simplement qu’il vous à fallu la mort d’un cheval et l’émoi qu’elle a provoquée pour que plus d’un mois après vous le fassiez ! Le 22 juillet, quand Thierry Morfoisse succombe à l’intoxication à l’hydrogène sulfuré, ce n’était pas les Pompes funèbres qu’il fallait appeler, la famille et l’employeur s’en chargeaient, c’était la presse et tous les médias qu’il fallait inviter à parler des dangers de ce gaz toxique ! Informé alors, M. Petit à Saint-Michel-en-Grève n’aurait pas risqué sa vie et perdu son cheval six jours plus tard.
Monsieur, comme je l’écris dans mon livre, toute votre action publique comme celle de vos amis et vos prédécesseurs traduit indubitablement votre complicité avec un système économique que j’appelle complexe agro-alimentaire à l’origine des marées vertes et de ce qu’elles révèlent une dégradation continue des milieux naturels et leur biodiversité. Et comme vous n’avez pas le courage d’assumer ce rôle, sachez que vous n’empêcherez personne, ni Inès Léraud ni moi ni une ou un autre de le dire et l’écrire publiquement.
Yves-Marie Le Lay