Catégories
Non classé

Contre le camping(-car) sauvage

Selon l’art. R 111.47 du Code de l’urbanisme, le camping-car est à la fois un véhicule et un mode d’hébergement. Ce serait aussi à l’envers une caravane avec un moteur, comme aurait dit Pierre Dac.

Avant / Après : Au Palus, à Plouha, après la décision du Tribunal administratif, démontage du panneau

D’ailleurs une décision juridique en faveur de l’association Les Amis du Palus (Plouha, Côtes d’Armor) considère : « il n’est pas davantage contesté que les installations projetées pour les besoins du stationnement des camping-cars qui sont des véhicules terrestres habitables assimilables à une caravane au sens de l’article R 111 – 47 du code de l’urbanisme, ne sont pas nécessaires à des services publics ou à des activités économiques exigeant la proximité immédiate de l’eau. Au regard de ces éléments l’association des Amis du palus est également fondée à soutenir que le projet d’aménagement d’une aire de stationnement pour les camping-cars sur les parcelles C 1129 et C 802, autorisé en dernier lieu par une délibération du conseil municipal du 1er février 2021, est contraire tant aux dispositions des articles L 121-16 et L 121-17 du code de l’urbanisme qu’elle celle de l’article L 121-18 du même code ».

Il est désormais clairement établi que créer des aires de camping-car équivaut à créer des campings.

S’il est évident que le camping-cariste jouit d’une grande bienveillance de la part des pouvoirs publics, il n’en reste pas moins vrai que le camping-cariste est un grand prédateur touristique aimant les sites classés, remarquables, naturels, boisés…

Au tout début fut le bivouac : activité vieille comme notre Préhistoire. En 1905, une mode, une tendance remet au goût du jour un nouveau sport BCBG : le camping, qui est défini par le Petit Robert comme une activité touristique qui consiste à vivre en plein air avec le matériel nécessaire.

C’est le Front populaire de ‘36 qui va lancer l’anglicisme « camping » partout en France puis en Europe. Ce phénomène sociétal né avec les Grandes Grèves a toujours gardé une pente ascendante constante jusqu’à aujourd’hui.

Face à ce succès, le législateur s’est vu dans l’obligation de légiférer quant aux conditions permettant de camper. In fine et en résumé, il est interdit de camper partout… sauf là où c’est autorisé (voir l’art. R 111-33 du Code de l’urbanisme : « le camping pratiqué isolément est interdit »).  Camper illégalement relève d’une contravention de cinquième classe.

Puisqu’il faut vivre dangereusement osons demander à des camping-caristes au bord de la mer s’ils sont stationnés ou s’ils pratiquent illégalement le camping. Leur réponse fusera… En effet, le vendeur du camping-car, relayé par les magazines et sites spécialisés, leur a vendu de la liberté, … et les camping-caristes se croitent autorisés à tout au nom de cette liberté. C’est normal, ils ont payé… Et le dicton suit : La liberté s’arrête là où commence celle des autres.

Pour camper il faut du matériel nécessaire, mais en quoi consiste ce matériel ? Aucune définition. Sur certains sites il est évoqué la gamelle du chien, le tabouret pour descendre et monter du camping-car.

Objectivement quand un camping-cariste a sorti les chaises, la table ; quand le linge sèche au dehors avec le chien et sa gamelle ; quand le barbecue déborde de merguez et qu’avec les copains la formation-bivouac en cercle des colons américains du XVIIIème siècle est bien exécutée, … alors il faut bien reconnaître que c’est du camping pur et simple. Or, le camping est interdit en dehors des établissements ayant reçu l’agrément.

Pourquoi le camping-cariste ne respecte-t-il pas la loi ? Parce que les communes le laisse agir impunément.

Pourtant, cette prédation des campings-caristes est une perte sèche pour la commune touristique. Le grand prédateur fait ses courses au supermarché de la rocade d’accès. Il ne va pas au restaurant ou si peu. Il ne paye pas de taxe de séjour.

En revanche, il coûte à la commune. Il faut des parkings, des bornes, de l’eau. Quand d’aventure la commune ne suit pas, l’eau est prise au cimetière ou au WC publics. Leurs eaux sales de WC chimiques sont renversées dans les fossés. Les eaux de lavage dites « eaux grises » sont déversées dans le milieu naturel juste avant de partir.

La solution ? Simple : verbaliser, verbaliser ; agir auprès des vendeurs de véhicules en court-circuitant leur verbiage commercial au profit des devoirs du camping-cariste ; et si vous êtes d’âme courageuse, aller interpeller les contrevenants.

Le camping est interdit partout sauf dans les terrains autorisés qui sont des campings. Les aires d’accueil sont des campings. Le juge administratif le rappelle et nous nous chargerons de le rappeler aux communes qui dorlotent un peu trop ces prédateurs de bons coins ombragés.