La cause militante environnementale, nécessairement indépendante, peut-elle survivre sans subventions ?
Paul Watson a quitté la fondation de Sea Sheperd USA* fin juillet 2022. Néanmoins, il poursuit sa lutte au sein de l’O.N.G. Sea Sheperd Global*. Cette décision s’est imposée à lui après avoir constaté « l’abandon du militantisme au profit de la recherche scientifique ».
Exister, dans une cause militante efficace, semble être une quadrature du cercle qui s’impose un jour ou l’autre à toute association, fédération qui poursuit un but de défense de l’environnement.
Tout d’abord il faut examiner le pivot autour duquel tournent leurs actions. Cette pièce maîtresse est le bénévolat. Ce citoyen qui s’y adonne donne non seulement son argent, son temps, son énergie et s’il n’y prend pas garde sa liberté. Le bénévole est par nature un éternel étudiant : il essaie de jouer dans la cour des grands… mais il manque toujours le début des cours magistraux !
Devant ce problème, le bénévole cherche la solution. En général, la solution consiste à s’appuyer sur des personnes ressources, de plus grandes ressources.
Mais, les bénévoles le savent, les compétences se rémunèrent. Alors le bénévole cherchera une solution qui passe irrémédiablement par l’embauche de personnes ressource. Une entrée d’argent lui permettra de rémunérer ces personnes ressources, et pour ce faire il existe la possibilité pour chaque association de demander une subvention publique.
Ce pacte faustien permet à l’association de recruter des scientifiques, de payer les honoraires des avocats, les salaires des communicants et chargés de missions divers et variés. Comme toute drogue, la subvention rend dépendant à son renouvellement. Ce sont des salaires et des objectifs associatifs.
Le dealer de subvention publique vise un objectif : prendre le contrôle de l’association. Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu’ainsi elle est prévisible et souple devant certaines exigences. L’association ne peut plus être militante et employeur.
Un pas de travers et c’est l’agrément qui saute. Un petit article trop pertinent dans le journal local ou des propos trop militants… et le téléphone demeure muet. Et dans cette ambiance, il faut remplir les formulaires de demande de subvention pour l’année suivante. Voilà la triste réalité. L’indépendance coûte cher, très cher.
Une solution ? Votre servante ignore après plus de 20 ans de militantisme la solution… Mais il faut continuer à la chercher.
*Sea Sheperd USA : antenne locale (comme Sea Sheperd France), de Sea Sheperd Global.